Saïgon/Paris: Aller simple, entre mémoire et voyage intérieur
Le 14 novembre, nous avons eu le privilège d’assister à « Saigon/Paris : Aller Simple » (Cie Corossol), une pièce qui ne se contente pas de raconter une histoire : elle nous entraîne dans un voyage intime, entre mémoire et émotion.
Éliane, comédienne et auteure, évoque son père, Louis, né au Vietnam et parti en 1947 pour étudier en France. Il pensait revenir. Mais le retour ne viendra jamais. Saïgon restera un lieu dans le cœur, un parfum de nostalgie qui imprègne toute une vie.
Le spectacle est un pont entre deux mondes : Saïgon et Paris, Orient et Occident. À travers des silences lourds de sens, des récits d’enfance, des chansons et la guitare qui fait vibrer l’indicible, Éliane explore la transmission des racines, les chocs culturels et les incompréhensions familiales. Ce n’est pas une plainte : il y a des éclats de rire, des anecdotes autour de la cuisine vietnamienne, des gestes de tendresse. Et puis ces instants suspendus, comme cette scène où la lumière se fait crépuscule et où Éliane chante une berceuse que son père aurait fredonnée. Sa voix tremble, la guitare murmure : et soudain, le silence devient mémoire.
Ce récit m’a bouleversée. J’y ai vu le reflet de ma propre histoire : ma mère aussi a quitté son pays natal, le Vietnam, par amour pour sa famille. Quitter son pays n’est jamais un geste simple. En venant en France, elle a laissé une part essentielle d’elle là-bas. La nostalgie accompagne souvent ceux qui s’exilent : elle naît d’un manque profond, celui des paysages familiers, des voix aimées, des odeurs de cuisine. Mais elle a su transformer cette nostalgie en force. Elle m’a donné la capacité d’avancer, même dans les moments difficiles. Son seul regret : ne pas pouvoir revenir mourir dans son pays et reposer auprès de ses ancêtres. Cette phrase résonne encore en moi, comme un écho à ce spectacle.
Ce soir-là, j’ai compris que nos racines ne disparaissent pas. Elles nous accompagnent, elles nous façonnent.
« Saigon/Paris : Aller Simple » n’est pas seulement une biographie, c’est une œuvre universelle, qui parle d’identité, de mémoire et de transmission.
Un spectacle à recommander à tous ceux qui portent en eux un autre pays, une autre langue, un autre rêve… et à ceux qui veulent comprendre.
Thérèse
